Nostalgies du Grand Souf
Il est l’instant fugace qui s’offre à vous, le temps d’un regard, le murmure d’un soupir, du souffle venant d’un autre Monde si proche et si lointain. Le bonheur n’est rien. Il n’est absolument rien. C’est d’Etre ici et maintenant dans l’harmonie du Cosmos et dans l’extinction de son propre Ego.
C’est ce que je ressentais en ce mois de février 2025 en revenant encore une fois à El Oued !
Cela faisait une éternité que je le cherchais dans les dédales de cette région perdue mais complétement métamorphosée en cette année de 2025. C’est au détour de cette rue que j’arpentais, avec nonchalance, que mon regard venait de capter, subitement et sans le moindre préavis, cet endroit mythique qui témoigne de ce que j’ai bel et bien vécu cet Amour tragique !
L’Hôtel du « Grand Souf » se dressait là , offrant à mes yeux « vieillissants » le spectacle d’un passé vibrant, ravivant les braises ardentes d’une mémoire indomptée, défiant l’amnésie et le poids des ans. L’hôtel semblait rétréci sous mon regard d’adulte, mais c’était bien lui, le théâtre de notre rencontre, au seuil des années 90, lors de ce voyage initiatique organisé par notre école, l’INA d’El Harrach.
Ma mémoire fidèle et mon âme avaient conservé précieusement chaque recoin de cet antre de bonheur et de silence, nous enserrant alors d’une étreinte éternelle et nous ensevelissant dans un amour infini.
Tout était là et tu étais là ! Nos Ames y avaient élu domicile.
La grande porte vitrée, le vestibule spacieux, et le fameux escalier qui s’élançait vers les chambres du premier étage. Tout le décor s’imposait à moi, figé dans l’ambre du temps. C’était notre lieu de naissance spirituelle, le sépulcre de nos âmes déchirées, que le temps, impuissant, n’a jamais su réconcilier.
Rien qu’à promener mon regard sur les murs de bois patiné et les vitraux chatoyants, j’en ai le cÅ“ur serré et l’âme éthérée ! La nostalgie du temps qui passe m’étreint au plus profond de mon être. C’est un sentiment fait d’un mélange de bonheur et de tragédie que de t’avoir retrouvé en ces murs qui me murmurent les relents d’un temps désormais révolu.
Je voulais te le dire, t’avouer l’ineffable, te le faire sentir déjà en ces temps bénis d’insouciance, mais ton âme était déjà enveloppée d’une profonde solitude et murée dans un déni abyssal.
Tu étais déjà ailleurs, partie en quête d’un bonheur que tes mains venaient pourtant de saisir, pour l’abandonner irrémédiablement.
Aujourd’hui, je te le dis, je suis heureux de retrouver et de me réapproprier notre âme, encore incrustée en ces lieux sacrés.
Que la paix des cieux vienne apaiser notre Ame !